LA VILLE ROUGE 

(la Ville Rouge, près de Bâmiyân, a été détruite par Gengis Khan, vers 1222

Mais Dieu compte nos pleurs et connaît nos misères;
Il entendra demain tes sanglots douloureux.
Ne pleure plus .
Morte, la Ville Rouge, se dresse au-dessus des vallées: de

ses hautes murailles ocres, massive; de ses rondes tours crénelées, agressive;

de ses longues crêtes dentelées, aérienne.

 

Ignorante des paysans au dos courbé, là-bas, tout en bas, taches bleues et blanches

dans le vert des blés (pont de bois et rivière vive),

Dédaigneuse des vastes terres nues qu'elle domine (saignées violettes et vertes

dans le sol tourmenté),

La Ville Rouge garde les ombres de Gengis Khan et des cavaliers morts.

 

Compagne secrète des oiseaux de proie solitaires (tournoiements, noirs et superbes),

altière, pure dans le ciel afghan (silence et dureté),

Grosse des générations passées,

Impavide et sereine,

La Ville Rouge attend.

Vois, le Ciel va changer: la Roue universelle
Du Destin en colère
Va s'arrêter
Enfin.
Ne pleure plus.

 

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