dorée, que me veux-tu ?" Antonin, subjugué, suivit l'Abeille d'Or ; Siméon, Léo, Timothée ramassèrentles sacs et suivirent Antonin ; Moushi, étonnée mais n'écoutant que sa fidélité récente, suivit la troupe.
L'Abeille d'Or filait avec rapidité vers l'extrémité du premier lac, tournoyant sur place pour attendre
Antonin, repartant vers le deuxième lac inaccessible, virevoltant autour du visage d'Antonin, l'invitant à
passer par le haut sur la falaise surplombant les eaux froides de leur hauteur sublime. "Courage, mes
frères ! criait Antonin, je suis sûr qu'elle nous conduit vers un mystère important. - Hou la la, j'en peux plus,
murmurait Timothée - Ah la la, si j'avais ma trompette, je sonnerais la charge ! - Oh la la, toujours à courir,
cet Antonin, râlait Léo. - Ouah la la, gémissait la petite Moushi, c'est quand l'os ?"
Au sixième lac, à l'endroit où les falaises des deux rives se rejoignaient, au fond même de la montagneinfinie, l'Abeille d'Or se posa sur une fleur de chardon. "Descendons, ordonna sa Majesté Antonin 1er,
descendons par ce sentier, mon amie l'Abeille nous guidera, c'est dangereux, mais faisons-lui confiance."
Et les quatre frères, suivis par Moushi, précédés par l'Abeille d'Or, s'engagèrent dans un passage abrupt
et carrément scabreux qui menait au dernier des lacs de Band-i-Amir. "Hardi, mes frères ! Confiance et
vaillance, telle est notre devise.". "Hardi ! Hardi !" répétèrent Léo, Siméon et Timothée. Le dernier détour,
une dernière glissade. Ebahi, sidéré, émerveillé, Antonin vit enfin le mystère, le prodige vers lequel l'Abeille
d'Or les avait guidés : un superbe cheval aux naseaux dressés vers les cimes, à la robe brune brillante, à la
queue vibrante. Mais entravé par une vile corde à un pieu fiché dans le sol.
"A moi, mes frères !" cria Antonin et il sortit son Laguiole à la lame étincelante, imité par le reste de latroupe, Moushi exceptée qui, de ses dents pointues, se jeta sur le pieu. La corde fut vite coupée et la patte
meurtrie dégagée. Prenant appui de sa paume gauche sur le poing droit tendu de Léo - technique apprise
sur l'Ile de Pâques - , Antonin sauta sur le cheval brun, l'Abeille d'Or frôla ses cheveux, se posa sur son front,
tournoya et reprit son vol. Antonin, caressa l'encolure de son cheval et l'animal, dans un hennissement de joie
adressé à son amie l'Abeille, s'élança dans la descente qui le mènerait vers sa steppe natale : il quittait à