centrale, il se laissa guider par sa monture enflammée. A coups de dents et de sabots, Aspe serapprochait du trophée convoité. Les tchapandoz, ébahis, désarçonnés, et pour tout dire démontés,
laissèrent le passage à cette bête furieuse et à son cavalier fou. La chèvre fut lâchée sous l'effroi.
Antonin se baissa jusqu'à toucher le sol, cramponné à Aspe par ses seuls pieds; il se saisit de la
chèvre, se redressa, conquérant. Aspe se lança alors dans un galop extrême, suivi par les deux
troupes dépossédées et décontenancées. Aspe et Antonin gagnant peu à peu du terrain firent
demi-tour dans un large mouvement circulaire et se dirigèrent vers la zone de départ. Le cercle
dessiné sur le sol où le vainqueur devait déposer son trophée était à présent à portée de sabots,
les autres cavaliers définitivement distancés. Mais Aspe et Antonin entrèrent dans le cercle sans
déposer la carcasse de chèvre et continuèrent leur course. Ils s'arrêtèrent enfin. Aspe se cabra
dans un long hennissement de joie, Antonin jeta sa proie à terre aux pieds de Davida, princesse
aux yeux de lumière.
Foule et cavaliers s'inclinèrent. Toute la steppe fut silence. Seul le vent se faisait entendre.Davida retira son châle brun et d'un geste ample et libre salua la foule, la terre et l'espace.
La terre afghane était en paix.
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