la maison. C'est ainsi depuis toujours. Au nom de la religion sacrée, disent les barbares. En réalité,au nom de leur propre barbare ignorance, de leur grossière inhumanité, de leur pouvoir de mâle bestial.
Mahbouba et Soleïman auront quand même leur verre de thé et ils repartiront vers leur maison, serrant
leurs paquets de biscuits sous leur châle. La neige a déjà fondu, le chemin est boueux, Mahbouba tremble
encore d'effroi. Ce soir, ils dormiront près de leur mère, les trois moutons les réchaufferont. La mère
pleurera, comme chaque soir, en silence : les enfants n'entendront pas.
Ils croiseront à nouveau le baba de ce matin, monté sur son âne gris. Ils lui font un petit signe de la main.
Le grand-père leur sourit, il est accompagné de son petit-fils, qui va à pied, le visage caché dans son grand
châle brun de fine laine de chameau. Tous deux s'en vont le long des chemins de terre. Le jeune garçon
salue Soleïman et Mahbouba, échangeant le V de la victoire et de l'espoir.