Traductions libres, imitations de

 

Hâfez de Chiraz

 

poète, soufi

Chiraz, Iran 1325 - 1390

 

 

 

 Tout n'est que vanité,

hélas tout est néant,

ô vent, apporte-moi les parfums du matin.

 *

 Où sont partis ma gloire et mes nobles exploits ?

 *

 Au matin, assieds-toi au bord de la rivière et vois la vie qui va : n'est-ce point suffisant ?

 *

 (entendrai-je encore) le rire insouciant de la grise perdrix dans la brise de l'aube ?

 *

 La rivière de mort

entoure le fragile asile de la vie.

Mais ne pleure pas, fleur,

Noé te guidera et mènera ton arche au rivage espéré.

Ô cœur, ne pleure plus.

 *

 Le but est bien lointain, la route périlleuse,

mais chacun des sentiers conduit à la maison

où tu pourras poser ton fardeau douloureux.

Ô cœur, ne pleure plus.

 *

 Tu ne sauras jamais le grand secret du monde

mais derrière le Voile à jamais étendu

le feu de ton amour continue à brûler,

alors garde l'espoir.

 *

 Mais Dieu compte nos larmes et connaît nos misères,

Il entendra demain tes sanglots douloureux.

Ô cœur, ne pleure plus.

 *

 Fille, ne pleure pas, car une fois encore

le printemps régnera sur les vertes prairies :

dans la maison des pleurs

les roses jailliront à nouveau du sol nu.

Ô cœur, ne pleure plus.

 *

 Vois, le Ciel va changer :

la Roue universelle

du Destin en colère

va s'arrêter

enfin.

Ô cœur ne pleure plus.

 *

 Il reviendra, Joseph au pays Canaan,

lui dont le beau visage un moment fut caché.

Ô cœur brisé, la joie te reviendra

et la paix sur tes yeux tourmentés par l'amour.

Ô cœur ne pleure plus.

 *

 Ô pèlerin, toi qui vas sur le chemin de La Mecque,

L'épine te blesse en vain, le désert refleurira.

 *

 Le cœur du rossignol aux gouttes de son sang

avait nourri la rose.

Puis le vent est venu…

 *

 Mon amour entends-tu la colombe gémir au bord de la rivière ?

 *

 Nous ne connaissions pas l'histoire de Darius et du grand Alexandre :

je ne te dirai donc qu'une histoire d'amour et de fidélité.

 *

 La joie est oubliée, tout mon espoir a fui.

 *

 Pour toi je donnerais Bokhara, Samarkande…

 *

 La rose du printemps s'en ira à l'automne.

 *

 N'écoute pas plus longtemps le chant fantasque du vent.

 *

 Le trône de Salomon vogue sur le vent.

 *

 L'utopie de la nuit est partie à jamais dans le rêve de l'aube.

 *

 Le rossignol, note après note,

lancera au-dessus de toi

un dais de pétales de roses.

 *

 Demande la lumière au soleil de la nuit,

l'astre de l'orient se lèvera peut-être.

 *

 La brise de l'aurore à la senteur de musc

à nouveau soufflera

et le vieux monde alors reverra sa jeunesse.

 *

 Pauvre et plongé dans la nuit

Ô Hafez, prends ce Coran

et récite, étudie, prie.

 *

 Bois la coupe de l'aube au son du tambourin et au chant de la harpe.

 *

 Tes yeux couleur de pistache,

Ta peau au parfum de musc

 *

 Oiseau du paradis, je chevauche les mots

et m'élève au-dessus des pièges de ce monde.

 ***

Sources pour la traduction :

Hâfez de Chiraz, Le Divan - traduction du persan par Charles-Henri de Fouchécour. Editions Verdier

Omar Khayyâm, quatrains - Hâfez, ballades. Traduction Vincent-Mansour Monteil. Editions Actes Sud

Poems from the divan of Hâfez translated by Gertrude L. Bell. Tehran 1962

 

 

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