27 mai 1944
L'US Air Force bombarde Marseille

 

A 9h56 le 27 mai 1944, les sirènes sonnent l'alerte. Venant d'Italie, 147 bombardiers B24

chargés chacun de 10 bombes de 500 livres, escortés par 100 chasseurs P51 ont pour

objectifs la gare Saint-Charles et la gare de La Blancarde. La gare du Prado ne sera ajoutée

qu'au dernier moment.

Nous habitions le quartier du Rouet, à deux pas de la gare du Prado, au 69 de la rue Borde.

A 10 h, les enfants des écoles descendent aux abris souterrains creusés dans les cours de récréation :

rue de la Sainte Famille (garçons), rue de l'Espérance (maternelle), rue Roumanille (filles).

Nous sommes assis sur des banquettes de bois fixées au mur, nous faisant face. Ma mère se met à l'abri

dans une cave, répertoriée par la Défense Passive, un peu plus haut à droite dans la rue Borde.

Le bombardement commence à 10h44 sur la gare Saint Charles par le 448th Group.

La 1ère section du 336th Group prend pour objectif la gare du Prado ; le raid a duré 10 mn ;

les bombes sont lâchées d'une altitude de 3 à 4000 m au-dessus de la gare mais aussi sur tous les environs.

Nous retournons en classe. Ma mère traversera la rue pour rentrer chez nous : une bombe est tombée

sur la maison mitoyenne à la nôtre, un bar. Nous l'avons échappé belle. Mon père rentre à pied de

la Belle-de-Mai, dégage une femme des décombres de sa maison, à l'angle de la rue Borde et du Prado.

Il raconte le carnage du bd National. Une bombe est tombée au 46 de la rue Liandier où vivaient mes

grands-parents italiens, ils sont indemnes ; l'usine de produits chimiques, dont ils sont les concierges,

est gravement endommagée.

2000 morts, 288 tonnes de bombes /1280 bombes. Marseille sera libérée le 28 août de l'été suivant.

 

De mes oreilles d'enfant, je n'ai jamais entendu dire du mal des Américains suite à ce bombardement,

mal nécessaire, disait-on, pour préparer les débarquements du 6 juin et du 15 août.

On chantait les louanges des mythiques pilotes anglais de la RAF qui piquaient pour lancer

leurs bombes sous le feu de la flak, la DCA allemande, contrairement aux Américains qui restaient

en altitude en toute sécurité.

Souvenirs déformés d'un enfant de 8 ans - les chewing-gum des soldats américains étaient si bons !

Mais qui sait ce que sont devenus les abris creusés dans les cours de récréation : comblés ?

Refermés intacts, gardiens des peurs enfantines ?

 

Les données chiffrées et factuelles sont extraites du travail de Serge Brouqui,

consultable à la Méjanes et sur Internet (MARSEILLE BOMBARDEE... LE 27 MAI 1944 SERGE BROUQUI)

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