Ils descendirent d'abord par un couloir étroit et bas, puis le délaissant, ils remontèrent difficilement,

se dirigeant, cette fois, vers le centre de la pyramide. Ils atteignirent alors une large galerie d'accès

plus facile mais tout aussi raide, pour arriver, enfin, au cœur du tombeau, grande salle avec en son

centre un sarcophage de pierre. Le cercueil de bois y fut déposé. L'air du désert arrivait par deux

conduits qui traversaient l'épaisseur de la pyramide. On ferma le sarcophage avec une dalle de granit.

Les femmes gémirent une dernière fois, le visage enduit de boue. Puis, tout fut silence. Mateo sentit

une main qui lui prenait la sienne. C'était une toute jeune fille à la longue tunique blanche, les bras ornés

de bracelets d'or, un bijou de lapis lazuli sur la poitrine, portant une perruque noire aux longues tresses,

la chevelure surmontée d'une plume d'ibis. " Je te connais , Mateo, je suis un peu magicienne. Ne crains

rien. Khéops était mon grand-père. Mon nom est NeferAna, belle Anna dans ta langue, ou Anna la Parfaite,

c'est tout comme ! "Tous sortirent de la salle funéraire ; elle resterait fermée pour les siècles à venir. Une

herse formée de blocs de granit tomba de la voûte et obtura la galerie. Ils se retrouvèrent à l'air libre.

NeferAna ôta sa perruque, laissant apparaître des cheveux couleur des blés du Nil. " Comment vas-tu,

Mateo, dit Anna, où est ta trottinette ? " Mateo n'en croyait pas ses yeux, c'était Anna sa cousine. Dehors,

au soleil du soir, il vit deux autres pyramides, un sphinx, des cars, des touristes, des chameaux et, au loin,

un acacia de belle envergure. Avec Anna, il gratta le sol, sa trottinette bleue était là, intacte, depuis 4700 ans.

Ou depuis un jour ? Il ne le saurait jamais. Anna et Mateo allèrent à la buvette près du sphinx et burent un jus

d'orange. C'était bien mérité.

La plus belle lumière illuminait les pyramides de Guizeh.