mais il ne put dire qui elle représentait. Poséidon, le dieu de la mer ? Vraisemblable. Ou peut-êtrele grand Zeus, celui qui sauve les navigateurs de la tempête et de l'orage ? Tenait-il en main un
trident ou un sceptre ? Poséidon ou Zeus ? Mateo se fit une deuxième promesse : aller voir de près.
Il entra dans les eaux calmes du port au moment où une voile rouge, carrée, le quittait pour seperdre dans la haute mer vers le bleu sombre des eaux et la blancheur vive des îles grecques de Délos
ou de Patmos.
Mateo sécha sa trottinette, la cala sur son épaule et s'avança avec allégresse et légèreté versla base du phare. Une rampe intérieure permettait d'accéder à la terrasse du deuxième étage ; il
n'était pas seul : une multitude d'ânes à la queue leu leu montaient, chargés de fagots, alors que
d'autres les croisaient, descendant, libérés de leur fardeau. De la terrasse du premier étage, Mateo
aperçut la voile rouge, à peine perceptible à présent. " Bon vent, Léon' de Patmos ! Je ne t'oublie pas !"
Aux quatre coins de la terrasse, quatre tritons soufflaient dans des cornes de béliers. La montée dans les
tours octogonale et ronde fut plus difficile ; les fagots étaient montés à dos d'homme. " Hé, le Grec !
Tu pourrais nous donner un coup de main ! " Mais Mateo montra sa tête couronnée d'olivier sauvage et
continua sa montée, trott' à l'épaule. Le feu était lumière, la plus haute assurément, qui guidait le monde
de la mer. Enfin, Mateo put voir la statue : le dieu, ou du moins la représentation que les Alexandrins s'en
faisait, était bien Poséidon le dieu de la mer : de sa main gauche, il tenait une rame. C'est ainsi que, plus
de 2000 ans plus tard, on le trouva gravé sur un gobelet de verre découvert près de la lointaine Kaboul, à
Bagram. La voile rouge avait disparu. Mateo mit sa trott' en position aérienne et d'un triple looping-flip il
s'élança dans un saut de 135m. Plus bas, il fut attiré par un jardin de fleurs et de verdure ; il se posa en
douceur et s'approcha d'un jeune garçon, un calame à la main, qui s'appliquait à dessiner des signes
bizarres, des hiéroglyphes sans doute. " Bonjour, que fais-tu ? - J'apprends à écrire mon nom, c'est difficile.