Le moai astronomique
Ce moai, assez ruiné, est orienté vers le point où se lève le soleil, derrière le volcan Rano Raraku, le jour de l'équinoxe de printemps, en septembre.
Pataud, sans vie, isolé au coeur des terres pascuanes, le vieux moai est usé aux pluies et aux vents de l'océan; la pierre ruinée témoigne des siècles anciens et des douleurs enfouies.Son visage fatigué, raviné, ne s'éveille qu'à la lumière du matin. Eveil fugitif à l'orient qui s'éclaire et au volcan qui lui fait face. Mais son corps accablé et moussu retrouve très vite sa léthargie séculaire, et son regard éteint l'inconscient intérieur dans l'attente de la nuit. Il échappe ainsi au désordre humain qui l'entoure.
Cette nuit-là, le moai attend le lever du jour d'une impatience rare. Son sourire de dédain semble s'animer d'une connivence encore inexpliquée. La tête, sans coiffe, est orientée de quelques degrés différents sur sa gauche par rapport à son corps rebondi.
A l'heure dite depuis des temps immémoriaux, mémoire que seul le moai peut connaître, le soleil paraît exactement derrière le cratère du Rano Raraku qui flamboie à nouveau comme à son origine. Le regard du géant lui fait face très précisément. En ce jour du printemps austral, jour d'équinoxe, jour d'équilibre.
Le moai archaïque trouve sa renaissance. Il a vaincu la mort et le chaos.
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