La Vague est puissante qui aborde l'île: venue du fond des abysses lointains, elle apporte fureur et épouvante aux hommes réfugiés, effarés, sur le haut des volcans. Les vents cruels l'ont annoncée, renversant les moais, abattant les fragiles abris, emportant les arbres aux racines légères. Enfants terrorisés cachés au creux tendre des mères démunies. Hommes désespérés. Refuges illusoires et trompeurs : Maké Maké, dieux chancelants et mystificateurs. Chevaux affolés, cabrés sous le ciel fulgurant. Volatiles ignorants, bavards insignifiants.

La Vague est impériale qui envahit l'île, elle emporte et brise, soulève et abat, submerge et tue. Les moais sont épars; les humains, dans leur vaine révolte, implorent.

Seule une fille aux grands cheveux roux, sortie des grottes noires, danse dans la tourmente: elle affronte la mort, son rire provoque, son corps musclé résiste et son regard foudroie. Sa nudité est salvatrice et conquérante, elle est liberté. La Vague alors vaincue, repue, reflue et se soumet. Les moais sont à terre mais les hommes se lèvent.

La grande frégate souveraine paraît à l'horizon léger. Libre.