C'est Mahbouba qui revint sur terre la première. Elle lâcha la main du capitaine : "Surtout,

ne joue pas de la trompette, tout pourrait s'écrouler. - Chic, répondit Siméon, on resterait prisonnier

du Bouddha ! - Ne plaisante pas, il faut essayer de voir d'où vient cette lumière." Prudemment, ils

s'enfoncèrent dans la galerie.

Ils ne tardèrent pas à déboucher dans une salle relativement grande, ornée, elle aussi, de fresques

peintes représentant la vie de Bouddha, aux couleurs fines, usées par le temps. Ils ne comprirent pas

tout de suite d'où venait la lumière : la voûte de la caverne donnait sur le ciel par une étroite cheminée :

phénomène étrange car ils ne pensaient pas se trouver si près du sommet de la falaise. En fait, ils

n'étaient pas en haut, mais en bas : insensiblement, sans qu'ils s'en rendissent compte, ils étaient

descendus. A présent, ils étaient dans une caverne située au pied de la falaise, à une vingtaine de

mètres sous terre. Au fond de la salle, face à eux, une issue débouchait dans la mi-obscurité. Siméon

et Mahbouba n'étaient pas du genre à hésiter, à tergiverser et encore moins à atermoyer. "En avant !

Rallie-toi à ma trompette d'argent ! - Chut, dit Mahbouba, sois sage et prudent. Tu n'es pas en haut du

clocher de Collioure prêt à sauter sur le pont d'un bateau pirate.". C'est elle qui fit le premier pas dans

le noir. Noir qui n'était pas absolu. Grâce à la lueur venant de la salle précédente, ils purent discerner

une énorme et longue masse rocheuse aux formes indéfinies.

Mais qu'était-ce ?

Tels des aveugles, se guidant avec leurs mains, ils longèrent ce qui leur parut être une gigantesque

forme humaine. "On fait le tour, dit le capitaine, compte tes pas Mahboubak !" Revenue à l'entrée de la

caverne, Mahbouba annonça "quatre cents pas, batchagak !" Trop ému, Siméon avait compris "Quatre

sympas " , "Tu crois ? dit-il, sans trop savoir ce qu'il fallait croire, j'en ai vu qu'un. - Bien sûr, 300m de long !

Batchagak e ma*…[ mon petit batcha] " "Ah..." Et Siméon s'abattit de tout son long à la renverse.

"Captain'djon ! Captain'djon ! Réveille-toi ! Tu n'es pas le bouddha couché, c'est lui, le bouddha endormi,