Savez-vous que j'ai appris à parler aux oiseaux ?Je vous connais tous, moi. Vous êtes des passants qui allez.Et puis, vous repassez, toujours les mêmes, dans le froid humide et gris de Francfort, de Paris, de Birmingham.
Et moi, je suis afghan, méprisé, inconnu. Alors, je marche. Arrêtez-vous un instant et rendez-moi mon père.
Je le sais parmi vous, ombre mouvante parmi les ombres de la rue. Te souviens-tu des soleils enneigés de
l'Indou-Kouch ? De tes doigts, tu me caressais la joue et tu m'appelais gak, petit. Je te croyais éternel et tu
aimais Daoud. Mais le Monstre* a tout bouleversé. Terre bien aimée. Et toi, ma sur, toute petite sur, ô coeur.
Dans quel pays pleures-tu ? Quels nuages, quelle lune, quelles rivières ? Es-tu américaine ? Oui, oui, tu es américaine !
tu es princesse ! fille libre et joyeuse : tu échappes au chaos. J'en suis sûr. Chère Laela, viens à moi car je suis perdu.
Par delà les mers ou les montagnes, par delà les soupirs et les larmes des temps anciens. O fleur, ô fleur. Tu tiens la main
de ton frère. Et n'oublie pas les oiseaux de Bâmiyân ni les yeux de ta mère.
* Majrouh