Le temple d'Artémis, à Ephèse
A grands coups de son pied gauche agile, Mateo avançait sur sa trottinette bleue. Il fendaitles airs brûlants de l'Irak, remontant l'Euphrate, laissant le Tigre sur sa droite. Il fut bientôt aux confins
de la Turquie. " Tiens, dit-il, si je faisais une pause sur cette belle montagne enneigée." Ah, la belle
montagne pointue! Blanche immaculée sur un ciel d'un bleu pur. Il consulta son GPS : il était sur le
mont Ararat ; à sa gauche, un peu en-dessous, c'était le petit Ararat. Quel silence ! Quelle transparence!
Quel bonheur ! On disait que Noé avait échappé au déluge en s'y réfugiant, lui, son arche et tous ses
animaux. Il se promit de revenir pour fouiller le sol à la recherche de l'Arche perdue du vieux Noé. Et il
continua son voyage dans les airs.
Au loin, c'était la mer, la mer Egée, sans doute, ce coin de la grande Méditerranée ; il but un jusd'orange qu'il tira de son sac à dos, rangea soigneusement la canette vide - il aurait pu blesser un Turc
en la jetant par-dessus son épaule. S'approchant du sol, il aperçut une foule qui avançait en criant, portant
des drapeaux et des banderoles, " Liberté ! Hürriyet ! Liberté ! " Essentiellement des femmes ; elles
portaient un fichu blanc qui cachaient leurs cheveux. Certaines l'avaient enlevé et l'agitaient au-dessus
d'elles comme des drapeaux. Hürriyet ! Liberté ! Mateo s'éloigna, accélérant son goofy, puis, après avoir
effectué sa figure préférée et secrète, triple trick accéléré, il se posa dans une clairière au centre d'un bois
de chênes kermès aux petits fruits rouges. " Ouf, un peu de repos ! Où suis-je, fidèle GPS ? " A Ephèse,
en Turquie, lut-il sur le cadran. Et Mateo s'assit au pied d'un chêne tout en mangeant un biscuit aux raisins
que sa grand-mère avait mis dans son sac. L'air sentait bon ; il faisait doux. " Qui es-tu, étranger ? Que fais-
tu ici dans mon domaine ? Comment oses-tu piétiner le sol fleuri de mes bois ? Qui t'a autorisé à respirer
l'air léger de mes forêts ? " Mateo se mit à tousser car, de surprise, il avait avalé son biscuit de travers.