Un coup d'œil à son GPS : il était temps de redescendre ; quelques acrobaties bien maîtrisées et il atterrit

bientôt sur une large terrasse herbeuse semée des fleurs du printemps. Il prit soin de ne pas les abîmer, posa sa

trottinette contre un massif de jasmin aux fleurs d'or. " Sois sage et attends-moi ; je visite, j'explore et je reviens. "

Il s'approcha d'un jardinier accroupi sur les talons et qui arrachait soigneusement les mauvaises herbes une à une.

" Excusez-moi, monsieur, dit-il en arabe, où suis-je ? " Mais à la tête éberluée du jardinier et aux mots bizarres qu'il

prononçait, Mateo vit qu'il ne l'avait pas compris. Il consulta son T.U. (Traducteur Universel) et apprit que le paysan

s'exprimait en archéo-babylonien, une langue disparue depuis plus de deux mille ans. Aidé par le T.U., il engagea

la conversation. - Où suis-je ? - Sur la 6e terrasse, l'avant-dernière. - Ah ! et toi, qui es-tu ? - Je ne suis qu'un esclave

d'Anatolie, prisonnier d'une guerre perdue et je n'ai pas le droit de te parler, sinon je recevrai le fouet et serai privé de

dessert ! - N'aie crainte, je parlerai en ta faveur à ton maître. - A ma maîtresse, la Grande Princesse... - Surveille ma

trott et mon casque, je vais la voir.

Et Mateo s'avança au bord de la terrasse. Au-dessous de lui, cinq autres terrasses fleuries, plantées de lauriers,

de palmiers, de platanes, de cerisiers, de roses et de jasmins descendaient en escaliers jusqu'à une cour où circulaient

chars, chevaux et soldats ; il distingua même une superbe lion prisonnier dans une cage de bois. En face, de l'autre

côté de l'immense cour, sept autres terrasses s'étageaient, couvertes de fleurs et de verdure ; de part et d'autre, à gauche

et à droite, Mateo devina le palais, les appartements royaux, ceux des princes et des princesses, les casernes, les maga-

sins de grains et les communs où vivaient les esclaves. L'ensemble était entouré de gigantesques murailles assez larges

pour qu'à leur sommet, deux chars pussent se croiser en pleine course.

Mateo était éberlué. Ah, ces jardins ! Quelle merveille ! Il régla son GPS sur la date du jour et ô étonnement, c'était le

21e jour du 3e mois solaire de l'année 540 avant JC selon notre calendrier. Mateo se promenait dans les Jardins Suspendus

de Babylone. Pour tout dire, il en était baba ! Et il se mit à fredonner le tube de KLK Prod.. et Baby Alone à Babylone que

chantait parfois sa grand-mère....