Il cueillit une rose rouge-sang, la mit à la boutonnière de son blouson et, s'aidant des branches d'un cerisier

en fleur, il accéda à la terrasse supérieure, la plus élevée. Elle était couverte de roses. C'était le jour de

l'équinoxe de printemps ; quelques savants à la coiffe pointue avaient saisi l'occasion pour observer le ciel

et pour contrôler le point précis où se levait le soleil, ce 21 mars où la nuit était égale au jour. Mateo n'arrêtait

pas de se dire " Quelle beauté ! Quelle merveille ! Sans conteste une des Merveilles du Monde ! " Tout en

s'exclamant devant ces jardins suspendus qui dégringolaient tout en fleurs jusqu'à la cour du palais, ou plutôt,

se dit-il en regardant les jardins d'en face, qui montaient à l'assaut du ciel, Mateo se posait une question :

comment fonctionnait l'arrosage en cette époque où les pompes à moteur n'existaient pas ? Ni essence,

ni électricité. Il se promit de le demander à la princesse maîtresse des esclaves jardiniers. En effet, l'eau

coulait en abondance sur ces terrasses élevées. D'où venait-elle ?

En bonds légers, Mateo se retrouva bientôt dans la cour du palais, vues d'en bas la végétation cachait

les constructions en briques et les jardins paraissaient en effet suspendus les uns au-dessous des autres.

Il fut vite repéré par les gardes à la longue barbe, armés d'arcs, de sabres et de lances, fait prisonnier, enchaîné

et traîné sans ménagement devant le commandant de la place. Etonné par les vêtements et l'allure de son prisonnier,

il le fit détacher et l'apostropha : " Qui es-tu ? Que veux-tu ? " Mateo présenta son passeport, mais le général

babylonien n'y comprit goutte et le confisqua. " Que fais-tu ici ? " gronda-t-il, bavant de colère. Mateo mit en marche

son T.U. et répondit : " Mon nom est Mateo, je suis un touriste qui se promène dans l'espace et dans le temps, à la

recherche des secrets des Anciens. Présentement, ajouta-t-il sans se démonter, je voudrais savoir comment vous

faites pour arroser les terrasses des Jardins Suspendus - Ah ! Ah ! Elémentaire, jeune Mateo ! On va t'expliquer tout ça,

petit ignorant. En attendant, au cachot ! " Les soldats se jetèrent sur lui, l'enchaînèrent à nouveau et le menèrent dans

un trou humide, sans air et sans lumière. Mais Mateo était un garçon courageux et plein de ressources. Il attendit fièrement.

Le soleil d'équinoxe se levait à peine que la porte du cachot s'ouvrit et que la Grande Princesse apparut, la chevelure

ornée des plus belles fleurs du printemps. " Bonjour, mon cher Mateo, bienvenue à Babylone ! Excuse cette brute de