Le Colosse de Rhodes

 

Le jeune Mateo filait comme le vent sur sa trottinette bleue. Volant au-dessus des flots agités

de la mer mauve, il distingua tout au loin la gigantesque statue qui dominait le port de Rhodes.

Le colosse, haut d'une trentaine de mètres était planté à l'entrée du port ; jambes écartées, il tenait

à la main droite une torche de lumière qui signalait aux navigateurs qu'ils arrivaient sur l'île du Soleil :

le géant représentait en effet Hélios, le dieu Soleil - et, de fait, de sa tête puissante jaillissaient des

rayons d'or étincelant à la lumière du matin. Son corps d'athlète revêtu de bronze était tout de muscles

et d'harmonie. Le colosse de Rhodes était lumière et beauté.

Mateo consulta son GPS, il était en l'an 292 avant JC, soit, calcula-t-il, il y avait 2304 ans. Il se demanda

qui étaient les habitants de Rhodes: des Grecs, sans doute ? Il décida de s'approcher du sommet de l'île.

Il se posa sur une large esplanade : " Tiens, se dit-il, un skate park ! " Mais non, Mateo, tu plaisantes.

L'esplanade était surmontée d'un temple orné de colonnes de marbre, assez semblable à celui d'Artémis

à Ephèse. D'autant que, là aussi, une procession de jeunes filles et de cavaliers montés à cru sur des chevaux

blancs faisaient le tour du temple au son des flûtes, des tambourins et des cymbales. Pour passer inaperçu,

Mateo se vêtit d'une tunique blanche courte, nouée aux épaules ; il l'avait subtilisée à un marchand : " Je te la

rendrai, foi de Mateo. ", jura-t-il, et il lui donna en échange son T-shirt californien. Mais comment passer inaperçu

avec ce véhicule bizarre ? Il descendit à toute vitesse la voie pavée qui de l'acropole descendait jusqu'au port.

Il croisa de nombreuses processions qui montaient au temple en chantant. " Jour de fête " se dit Mateo. Il se

trompait : les augures, à l'observation des oiseaux du ciel, avaient annoncé une catastrophe : laquelle ? Nul ne

savait le dire. Quand ? Incessamment, sans aucun doute. D'où toutes ces processions qui montaient vers l'acropole

à la fois pour demander protection au dieu-soleil mais aussi pour se mettre à l'abri d'une éventuelle attaque

d'ennemis derrière les larges murailles des fortifications.