en remontant la vallée, près de Beni Hassan

 

Femmes gaies et bavardes aux longues tresses noires, elles sont assises en rond,

sous les eucalyptus et les manguiers, à même le sol de terre d'un village près de Beni

Hassan, à quelque centaines de kilomètres au sud du delta.

Elles travaillent en communauté à décortiquer des gousses de fèves pour le " foul "

du repas quotidien. Robes noires ou mauves à petites fleurs blanches tombant sur les

chevilles, savates de plastique noir, boucles d'oreilles de pacotille. Autour d'elles, bufflesses,

poules et canards; pigeons légers voletant au zéphyr du matin ; haut colombier de torchis

aux multiples petites ouvertures ; maisons : terre grise et bois des palmeraies, murs et

balcons, ruelles ombreuses.

A quoi rêvent ces femmes jamais sorties de leur village nilotique ? dont l'horizon est le

fleuve, le mari partagé, le foul, les enfants, chéris. Laquelle imaginera l'écart vers un autre

monde, une autre lumière ? Laquelle connaîtra la souffrance du rêve de la liberté ? Pleurez,

femmes du Nil, si gaies et si bavardes.

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