à Marsa Matrouh, sur la côte méditerranéenne
Bien que port ouvrant sur la Méditerranée, on peut dire de Marsa Matrouh qu'elleest une oasis : elle émerge du sable saharien. Par 31°21' de latitude nord et 27° 14' de
longitude est. Le soleil s'y lève à main droite sur Alexandrie la lucide, s'y couche à main
gauche par les profondeurs du désert, vers Tipasa l'algérienne. Adossée au soleil de midi,
Marsa Matrouh regarde droit vers les îles grecques du Dodécanèse, de Karpathos, Kos ou
Patmos la johannique. Le sable sur lequel elle s'appuie remonte par le sud de la dépression
d'Al Qattarah et, encore plus lointaine, de l'oasis de Sihoua aimée d'Amon, d'Alexandre et de
Cléopâtre. Ce sable est d'une blancheur si parfaite qu'il rend l'eau méditerranéenne particuliè-
rement transparente, profonde, d'une clarté de cristal. Cette eau, tiède au demeurant, maternelle,
apaisante et protectrice peut être perçue par celui qui s'y plonge nu, c'est-à-dire dégagé des
imperfections et des liens douloureux de nos civilisations, comme la matrice originelle de la
Méditerranée. Elle emporte au loin vers les rives du nord la stabilité de l'assise africaine et
l'acuité du soleil de midi.